Les entrepreneurEs du Réseau Les Premières face à la crise du COVID-19 :
Un regard sur les difficultés des créatrices d’entreprise
Depuis sa création en 2005, le Réseau Les Premières, fort de sa dizaine d’implantations territoriales, en France métropolitaine, territoires ultra-marins et Luxembourg, a au cœur ce message :
on ne peut se passer de l’immense potentiel des femmes dans l’économie française.
Les entrepreneurEs sont majoritairement présentes dans des champs de l'économie qui étaient jusqu’à présent sous valorisés mais dont l’impact social est avéré : le secteur du Care, la Tech4Good, l'Economie Sociale et Solidaire, les services à la personne, l’environnement, l’éducation, la culture,…
Leurs entreprises semblent le plus souvent avoir pour objectif de rendre le monde meilleur, plus solidaire, plus créatif, plus responsable. Elles entreprennent avec la tête et le cœur pour changer le monde.
En ce sens, les femmes construisent déjà le monde de demain.
Cependant, les entrepreneurEs font encore aujourd’hui face à des difficultés structurelles, allant de croyances limitantes à des difficultés de financement et de capitalisation : ces difficultés ont été aggravées par la crise du COVID-19.
Afin de les soutenir pour une reprise équitable & durable, nous avons interrogé les entrepreneurEs du Réseau Les Premières afin de vous proposer un tour d’horizon de leurs difficultés & attentes.
En est ressorti un constat et une urgence : malgré les nombreuses mesures de soutien prises par le gouvernement & les acteurs économiques, une certaine catégorie d’entrepreneurEs, les jeunes créatrices d’entreprise, se trouve aujourd’hui touchée par la crise de façon inédite.
Face à un avenir incertain & à un manque de ressources, elles sont nombreuses à ne pas vouloir donner suite à leur projet de création d’entreprise : c’est tout un pan de l’économie qui s’en trouve impacté à court & moyen terme.
Elles représentent un potentiel économique précieux : les accompagner aujourd’hui, c’est investir pour l’avenir.
Le Réseau Les Premières® est un réseau d’incubateurs implanté en France métropolitaine, ultra-marine & à l’international.
Notre objectif ?
Accompagner les femmes et les équipes mixtes dans la création et le développement de leurs entreprises innovantes, créatrices d’emplois, à impact social.
Comment ?
3 programmes pour accompagner la création d’entreprise dans ses différentes étapes via de la formation, du co-développement & du coaching individuel.
Sondage réalisé du 23 mars 2020 au 17 avril 2020 auprès de 227 dirigeantes ou futures dirigeantes d’entreprises innovantes du Réseau Les Premières (France métropolitaine & ultramarine).
I. Entre charge mentale & manque de visibilité entrepreneuriale : un équilibre difficile à trouver.
Sensation d’isolement, manque de temps pour soi, charge mentale : concilier vie personnelle & professionnelle a pu s’avérer difficile pour les entrepreneurEs.
85% des répondantes ont concilié télétravail et garde d’enfants : parmi ces dernières, 14 % sont des mamans solo & 43% ont eu à s’occuper de 2 enfants ou plus.
Deux-tiers des répondantes concernées ont estimé très difficile de concilier travail et garde d’enfants, malgré une répartition des tâches domestiques et familiales plutôt équilibrée bien que légèrement en défaveur des femmes.
En est ressorti un niveau de fatigue élevé, voire très élevé, pour deux tiers des répondantes.
La majorité des entrepreneurEs interrogées sont des créatrices d’entreprises en phase de création (47%) ou de moins d’un an d’existence (20%).
Manque de visibilité dans l’avenir proche, manque de confiance : la crise du COVID-19 les a impacté dans leur processus de finalisation de projet & de financement.
62% % des entrepreneurEs interrogées ont connu une baisse d’activité supérieure à 60% de leur chiffre d’affaires.
Cette baisse, liées à une trésorerie inférieure à 6 mois pour trois quart des dirigeantes liée pour à une sous-capitalisation de leur entreprise au départ, frein structurel de l’entrepreneuriat féminin, implique un fort risque de faillite pour un quart des entreprises interrogées..
II. Une non-éligibilité aux mesures de soutien économique à risque pour les jeunes créatrices d’entreprise.
Nous avons interrogé les dirigeantes sur leur accès aux mesures de soutien spécifiques ou non spécifiques à la crise du COVID, à savoir :
- Allocations chômage ou ARE, arrêt de travail, arrêt de travail pour garde d’enfants, CPSTI RCI (à destination des artisans/commerçants), demande de chômage partiel auprès de la Direccte, Fond de solidarité (1500 €), Prêt Garanti par l’Etat, rééchelonnement de crédit bancaire, report des factures de loyer, énergie, report des échéances fiscales ou sociales.
La moitié des dirigeantes interrogées n’ont pas sollicité ou n’ont pas eu accès aux mesures de soutien proposées par l’État & les acteurs économiques de par la création récente de leur entreprises ou un chiffre d’affaires insuffisants.
En conséquence, 79 % des entreprises en cours de création n’ont bénéficié d’aucune mesure de soutien.
Parmi les bénéficiaires des mesures de soutien économique aux entrepreneurEs, 28% ont eu accès au Fonds de solidarité et seules 6% ont pu bénéficier d’un arrêt de travail pour garde d’enfants.
Dans ce contexte, 50 % des femmes ou équipes mixtes en cours de création d’entreprise disent ne pas souhaiter donner suite à leur projet : un impact économique dommageable à court & moyen terme sur le tissu entrepreneurial français.
III. Investir dans l’avenir : quelques pistes de soutien aux créatrices d’entreprises
De nombreux retours de créatrices d’entreprises sur la situation ont été faits : nous vous en proposons ici quelques-uns.
La mise en place de soutiens spécifiques aux jeunes créatrices d’entreprise est fortement recommandées, tout comme le maintien des aides étatiques spécialisées (type Deep Tech etc.) afin de soutenir les processus de prototypages mis à l’arrêt pendant la crise du COVID-19.
Les réseaux de l’entrepreneuriat féminin sont également fortement sollicités, qu’il s’agisse d’actions mise à disposition de compétences (compréhension des aides disponibles, canaux de communication, sourcing de prospects, formations en ligne, aide à la gestion de trésorerie en temps de crise, coaching individualisé & mentorat, etc.) ou une aide de type réseautage : (mise en relation avec des entreprises complémentaires, groupes de partages, entraide).
Acteurs économiques & réseaux spécialisés ont donc un rôle à jouer pour soutenir les créatrices d’entreprises pour une reprise permettant à toutes de réaliser leurs ambitions entrepreneuriales.